Jî Dru - Fantômes 

 

 

Fantômes parle de ce qui nous lie. Quelle est la mécanique du vide qui entoure le vivant ? Comment décide-t-on de le remplir, quel rapport entretient on avec, individuellement ou collectivement. Ce vide nous divise-t-il ou au contraire nous uni-t-il ? Tout est histoire de choix, de partage. La musique est invisible, la flûte n’est jamais qu’un peu de souffle qui raisonne. Fantômes c’est 14 histoires, pour sauver ce monde.

« La musique est invisible, la flûte n’est jamais qu’un peu de souffle qui raisonne. Je me suis posé la question de notre relation à ce qu’on ne voit pas et plus particulièrement aux Fantômes, dans une logique qui serait celle d’un rêve musical. Ces dernières années tout s’est effondré : nos repères intellectuels et sociétaux, nos espaces de partages et de rencontres sont totalement bouleversés et ont même parfois disparu, nos repères sont déplacés ou effacés, les Fantômes se rappellent alors aux vivants, ou plutôt les vivants rappellent les Fantômes. On peut ainsi établir de nombreux parallèles avec la musique et plus largement la création qui utilise des références invisibles pour guider l’auditeur, pour raconter des histoires (sons, gammes, textures, structure, nuances…) Tout ça, bien sûr, si on croit aux Fantômes… car les Fantômes, c’est comme le son de la flûte, ça n’existe pas, ou alors ça sert juste à habiter poétiquement ce monde. »

 

 

Fantômes de Jî Drû brille par sa tenue, sa production léchée et minutieuse comme par la qualité de son casting, c’est un disque majeur, un manifeste jazz irrigué par le blues, la musique classique et les musiques répétitives, tribales ou électroniques. Le Rhodes hypnotique de Pierre-François Blanchard, les textures et voix envoutantes de Sandra Nkaké, les rythmes inventifs de Mathieu Penot, l’apparition poétique de Mike Ladd, et les beaux arrangements de cordes accompagnent les volutes de flûtes et le chant de Jî Drû. Chaque morceau est l’essence d’un instant et le tout crée un climat intemporel où l’acoustique et le bois se frottent aux sons électriques. Jî Drû crée un monde onirique, fait de petites histoires de Fantômes, il creuse un sillon quelque part entre Portico Quartet, Cinematic Orchestra et Mélanie de Biasio, celui d’un jazz moderne et épuré qui tisse des histoires qui nous font vibrer. Un disque essentiel et envoutant, plein de poésie et de révolte, un grand voyage musical, mystique, onirique, tribal et organique, pour un quartet dont on n’a pas fini de parler.